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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 19:31

Le secrétaire général de la CGT a donné une interview à l’hebdomadaire l’Humanité Dimanche du 5-18 septembre 2013. En tant qu’adhérent de la CGT, je tiens à exprimer mon opinion sur le contenu de cette interview.


A aucun moment Thierry Le Paon ne porte une appréciation sur la politique gouvernementale, comme si l’ensemble des décisions du pouvoir en faveur du capital et en défaveur du salariat ne faisait pas sens. Ce qui lui permet d’énoncer que la gauche et la droite ce n’est pas la même chose et qu’affirmer le contraire c’est faire le jeu du front national. Cette affirmation est particulièrement choquante de la part du premier dirigeant de la CGT. Elle est politique je dirais politicienne, mais surtout pas syndicale, puisqu’elle repose sur un déni, celui du contenu de la politique du pouvoir. Ce qui fait le lit du Front national c’est la politique antisociale menée par les coalitions politiques qui se succèdent à la tête de l’Etat.

 

Cette affirmation implique que la CGT ne se détermine pas en fonction de la politique du gouvernement mais en fonction des forces politiques qui le constituent. C’est donc une politique, d’accompagnement certes conflictuel, mais non d’affrontement qui est celle de la confédération vis-à-vis du pouvoir en place.

 

 

Cette affirmation est une faute politique de la part d’un dirigeant de ce niveau. Comment oser affirmer cela, alors que les diverses élections politiques partielles par leurs taux d’abstention particulièrement élevés et le score élevé du FN traduisent le rejet des deux forces politiques majeures du pays, le PS et l’UMP. La vie est si dure, que les gens en ont assez des promesses non tenues. La déception à l’égard de ce pouvoir est à l’aune des illusions entretenues par les promesses du candidat Hollande pour succéder à Sarkosy.

 

Mais l’affirmation que la gauche et la droite, ce n’est pas pareil va au-delà de la situation actuelle. Elle a visiblement pour son auteur valeur de réalité historique.

 

Rappelons alors à Thierry Lepaon que la gauche au pouvoir en 1936 au bout de 17 mois de gouvernement à décrété la pause, 
quelle a décidé de la non intervention en Espagne,
quelle a approuvé les accords de Munich,
que c’est un ministre de gauche qui décréta la peine de mort pour toute activité communiste, qu’elle a voté très majoritairement les pleins pouvoir à Pétain.
Rappelons lui que les accords Blum-Burns ont permis aux USA de déverser en France tout leur surplus accumulé durant la guerre au détriment de notre industrie,
que c’est un ministre de l’intérieur de gauche qui envoya en 1948 les chars contre les mineurs en grève,
que la gauche était partisane de la création de la Communauté européenne de défense dirigée par l’Allemagne,
que la gauche a applaudi l’engagement de l’armée française en Indochine,
qu’elle est intervenue militairement à Suez, avec le succès que l’on sait contre la nationalisation du canal par Nasser,
que la gauche traine le boulet de la guerre en Algérie,
que c’est un homme de gauche, futur 1er secrétaire du PS et futur Président de la République, alors Ministre de l’Intérieur qui encouragea la répression sans limite contre le FLN qui venait de se créer
que ce même ministre envoya quelques années plus tard le communiste Fernand Yveton à la guillotine et qu’une fois Président de la République amnistia les généraux félons.
C’est ce même Président de la République qui fit passer Le Pen dans les médias afin de lui faire jouer le rôle d’épouvantail, pour entretenir le vote utile à gauche et cliver la droite pour recréer ainsi une alliance PS-centre basée sur le refus du FN (lire « La main droite de dieu : Enquête sur François Mitterrand et l'extrême droite Emmanuel Faux, Thomas Legrand, Gilles Perez Seuil, 1994 »)

 

En 1983, c’est un premier ministre de gauche qui annonça la pause dans les réformes sociales et le démarrage d’une politique de rigueur.

 

Ce sont des ministres  de l’économie de gauche qui jouèrent un rôle essentiel dans la financiarisation de l’économie française, ainsi que dans la création de l’union économique et monétaire qui a permis au capital de se mouvoir comme il l’entendait dans l’espace européen.

 

C’est un premier ministre de gauche qui déclara que l’Etat ne pouvait pas tout faire quand Renault décida de fermer l’usine de Vilvorde en Belgique. Et c’est un gouvernement de gauche appelée plurielle qui privatisa 11 sociétés nationalisées, score que la droite n’avait jamais atteint.

 

C’est l’actuel gouvernement de gauche qui a approuvé le Mécanisme Européen de Stabilité.

 

Ce sont 4 ministres de l’actuel gouvernement qui ont participé à l’université d’été du Medef

 

Osez dire que la gauche et la droite ce n’est pas pareil alors que François Hollande pousse à l’intervention en Syrie interroge sur le sens politique du secrétaire général de la CGT.

 

Bien sur qu’il y a des différences entre la gauche et la droite. Mais sur quoi portent elles, sur le fond ou sur la façon de mettre œuvre les mêmes orientations?

 

A la question concernant les retraites. Y a-t-il vraiment un changement de logique ? T LePaon est forcé de reconnaitre que non. « Sur ce point, effectivement il n’y a pas de différence. Et c’est contraire aux engagements pris devant les français. Il faut donc rappeler aux gouvernements ses engagements. Et proposer des solutions ».

 

Camarade, secrétaire général, S’il n’y a pas de différence sur les retraites, c’est que les orientations fondamentales sont les mêmes ! Diminuer ce que l’Etat consacre en dépenses socialisées pour transférer au capital les sommes ainsi dégagées afin de lui permettre d’accroitre ses profits.

 

Il n’y a pas que sur les retraites que la logique est la même. La loi Fioraso sur la recherche et l’enseignement supérieur est le prolongement du pacte pour la recherche et de la LRU, qui visent explicitement à asservir la recherche et l’enseignement supérieur aux stratégies du capital.

 

A la question, il y avait une unité syndicale qui n’existe plus aujourd’hui, il répond « Oui, il faut la chercher, la construire. Cela fait partie des chantiers sur lesquels nous travaillons».

 

15 années de syndicalisme rassemblé qui se terminent par un échec, mais cela ne fait rien, la Direction confédérale persévère.

 

A la question suivante « mais sur quelle base ? La CGT parait bien isolé, sur l’ANI et les retraites » ; il répond en demandant un débat national sur le cout du travail ce d’autant que les organisations syndicales (lesquelles) et les partis politiques (lesquels) seraient profondément divisés sur cette question !

 

Le Secrétaire général de la CGT serait il naïf à ce point ? Par quel miracle un débat national modifierait il le cœur de l’exploitation capitaliste ? Le débat sur le cout du travail est un faux débat. La diminution du cout du travail est une nécessité pour le développement de la société. Le vrai problème est sur quel paramètre le patronat et le gouvernement agissent pour diminuer le coût du travail ? Pourquoi la CGT ne le pose-t-elle pas en ces termes là ? Pourquoi reste-t-elle sur le terrain abstrait du cout du travail ? Le profit n’est il pas créé à partir de l’économie maximale sur les dépenses salariales, le profit n’est il pas d’autant plus grand que l’exploitation est intense ! Ce ne sont pas des débats qui vont régler cette question, mais les luttes !

 

 

Or, l’ANI et les retraites n’ont pas d’autres buts que de baisser le coût de la force de travail. Et le rôle de l’Etat géré en ce moment par la gauche n’est pas neutre. Il aide le capital à subordonner encore plus le salariat !

 

 

Concernant l’ANI, le gouvernement n’est pas resté neutre, il est intervenu pour obtenir une signature syndicale. Lors de l’audition à l’assemblée nationale des secrétaires généraux de la CFDT et de la CGT par le groupe PS sur l’ANI, le secrétaire général de la CGT n’est intervenu que devant une partie du groupe alors que le gouvernement a battu le rappel pour que le secrétaire général de la CFDT soit entendu par tout le groupe parlementaire socialiste.

 

L’interviewer revient à la charge avec la même question formulée différemment

 

« On a l’impression qu’un trio s’est formé, rassemblant MEDEF, gouvernement et CFDT. Ces trois là sont persuadés que le travail est un coût. La CGT n’est elle pas marginalisée ? ». T Lepaon répond. « Je ne crois pas à la division telle qu’on nous la présente actuellement, il y aurait d’un coté des syndicats réformistes capables de tout accepter et de l’autre des contestataires qui refuseraient tout. Cette vision est totalement erronée. Dans de nombreuses entreprises, les organisations syndicales sont côte à côte pour défendre les salariés. Jean Marc Ayrault et Michel Sapin se sont enfermés dans leur logique du « 49%-51% », mais dans la réalité c’est plus compliqué que cela. La CFTC est très divisée au sujet du transfert des cotisations familiales sur l’impôt. A la CFDT, la question de l’âge de départ  à la retraite à taux plein fait débat…. »

 

A la fin de l’entretien, l’interviewer lui pose cette question. « Quels liens entretenez-vous avec les autres organisations syndicales » ? Thierry Lepaon répond « Rassurez vous, nous nous parlons. Nous travaillons ensemble, nous échangeons des documents, des propositions. Nous discutons. Nous connaissons nos points de convergence et de divergence. Nous regardons sur quoi nous pouvons peser ensemble……Oubliez les deux blocs, d’un coté les contestataires et de l’autre les réformistes ! Sortez de cela. Cela ne marche pas… Nous allons le voir dans les semaines à venir. ».

Nous attendons les semaines à venir avec impatience.

 

La CGT continue le syndicalisme rassemblé en prenant bien garde de ne pas y faire explicitement référence.

 

N’en déplaise à T Lepaon, le réformisme cela existe. La CFDT se définit comme réformiste, elle assume son réformisme. Elle est avec la CFTC et la CGC dans des groupes de travail permanents sur la compétitivité des entreprises avec le MEDEF, la CGPME.

Les forces dominantes ont besoin du syndicalisme pour intégrer le salariat à leurs objectifs, pour distiller la pédagogie du renoncement.

 

Des « think tanks » comme Confrontations (http://www.confrontations.org/fr/presentation/gouvernance-confrontations-europe/conseil-de-direction) ou le Siècle (http://www.syti.net/Organisations/LeSiecle.html) parmi d’autres sont des lieux ou patrons d’entreprises privées et publiques, personnalités politiques de gauche comme de droite et syndicalistes se rencontrent de façon plus ou moins informelle pour échanger et établir des consensus sur des problèmes fondamentaux (http://www.monde-diplomatique.fr/2011/02/DENORD/20132). L’association Confrontations par le biais de son groupe de travail énergie n’a  elle pas été un des lieus où s’est élaboré la façon de privatiser EDF/GDF.

Il faut camarade Secrétaire général être cohérent, s’il ne faut plus parler de syndicalisme réformiste, en quoi l’ANI est il si inacceptable ou est la différence entre la CGT et la CFDT par conséquent quel intérêt d’être à la CGT ?

 

Gilles Mercier

Syndicaliste CGT

source= Front Syndical de Classe

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La grève qui nous sèvre!
par Floréal

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...à propos des bénéfices secondaires de la grève à Radio-France

Dans Télérama, des lecteurs branchés s’affrontent à fleurets mouchetés (comme il sied dans l’hebdo culturel de l’élite) à propos de la grève dure à Radio-France: si les uns déplorent à mots couverts que la grève les prive inhumainement de leur lot quotidien de boboïsme branché, d’autres, un peu plus à gauche, appuient mollement la grève : ne vise-t-elle pas à défendre ce cher « service public » sans lequel, de leur propre aveu, certains « Téléramistes » ne supporteraient plus le dur fardeau d’exister ?

Quant à nous, bourricots de bolcheviks obtus que nous sommes, nous soutenons sans réserves cette grève. Et cela pour de tout autres raisons que l’élite téléramiste :

  • la première raison est que la grève à Radio-France est un des trop rares exemples d’action DE CLASSE déterminée contre les effets antisociaux de l’austérité hollando-maastrichtienne (même si hélas, trop de journalistes appuient la manœuvre de diversion lancée par Fleur Pellerin pour faire de M. Gallet le bouc émissaire des décisions gouvernementales). Cette grève illimitée montre que des travailleurs peuvent encore se battre pour GAGNER et pas pour « témoigner de leurs aspirations » à l’occasion de « journées d’action » sans lendemain qui laissent d’avance le dernier mot au MEDEF et Valls-MEDEF.
  • La seconde raison est que cela fait un bien énorme au moral que de savoir que chaque jour que le Bon Dieu fait, des millions de braves gens qui se croient « de gôôôche », ne recevront pas leur injection matutinale de social-libéralisme, d’anticommunisme secondaire et d’’euro-atlantisme « humanitaire » administrée par MM. « Pat Co » et B. Guetta, ; grâce à ces irresponsables de grévistes, les intoxiqués de Patricia Clark et de ses « kids » seront frustrés de leur dose quotidienne de frenglish (dans l’émission « Come on ! » rebaptisée « Alive »). En vérité, ce SEVRAGE idéologique de masse est presque aussi salutaire que celui qu’a subi naguère notre pays tout entier quand la grève ouvrière de mai 68 eut « coupé le jus » (et le micro !) aux anticommunistes professionnels de feue l’ORTF !

Pourtant notre bonheur reste incomplet : car pendant que les euro-prédicateurs de Radio-bobo sont réduits au silence, les Radio-beaux-beaufs du privé continuent d’occuper le « temps de cerveau disponible » : entre deux pubs assourdissantes, RTL, Europe 1, RMC, ont tout loisir pour marteler leurs propos antisyndicaux, pour poursuivre leur ramdam anti-fonctionnaires et pour organiser leur promo même plus larvée du FN et de Sarkozy (cherchez la différence !). Se déverse ainsi à plein jet sur le tamtam permanent du MEDEF et de la droite contre les acquis sociaux, les « assistés » (sic) et le code-du-travail-d’où-nous-vient-tout-le-mal ;  sans oublier bien sûr  l’éloge permanent des « States », la célébration émue de la « Belle-Europe-que-v’là », la diabolisation incessante des « ennemis-de-l’Occident » (Russes, Cubains, Coréens, cocos, « islamistes », grévistes de tous poils, etc.), l’éternelle question posée à tout bout de champ par le « journaliste » de service : « mais-que-font-nos-voisins-anglo-saxons-à-ce-sujet ? », l’allégeance obsédante à Frau Merkel, le tout sur fond de bain linguistique anglo-américain…

 

Alors s’il vous plait, travailleurs des radios privés, mettez-vous vite en grève aussi : pas seulement pour soutenir vos vaillants camarades du public (ça s’appelle la solidarité de classe), mais pour faire pleuvoir sur toute la France un bienfaisant mutisme réparateur.  Vite, vite, croisez-vous les bras aussi et rendez ainsi aux citoyens le plaisir de penser par eux-mêmes. Ils auront peut-être alors – qui sait ? – l’idée de revendiquer un audiovisuel public démocratisé et véridique qui soit enfin soustrait au duopole des oligarques du privé et d’une propagande d’Etat aussi doucereuse qu’omniprésente !

Floréal, le 1er/04/2015

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à l’émission « Chroniques syndicales » 

consacrée au dossier Renault

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