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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 23:43

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La colère gronde chez Tilly-Sabco. Après un comité d'entreprise extraordinaire, hier matin, 300 personnes ont littéralement pris d'assaut la sous-préfecture de Morlaix, où elles sont restées jusqu'en début de soirée. Récit d'une journée sous haute tension.

9 h 30. Une quinzaine d'employés de l'atelier de saucisses sont réunis dans l'usine guerlesquinaise Tilly-Sabco (335 salariés). Ils ont débrayé dès la prise du travail, à 4 h 30. 10 h 30. Visages tendus, les membres du comité d'entreprise (CE) franchissent les portes du siège où doit se tenir un CE extraordinaire. À l'ordre du jour : la suspension de la production de poulets surgelés à l'export, à compter du 4 janvier 2014. 12 h. La réunion est terminée. Le P-DG, Daniel Sauvaget, va à la rencontre des 200 manifestants. « Il faut que les politiques fassent quelque chose (...). Qu'on arrête de nous prendre pour des imbéciles », lance le P-DG. Applaudissements. 12 h 10. Un salarié s'adresse à Daniel Sauvaget : « Si Stéphane Le Foll vient vendredi, on le chope et on va avec lui à Bruxelles. Et pareil pour Madame la députée européenne et maire de Morlaix (Agnès Le Brun). Comme Le Foll, on la met dans le wagon, avec nous, pour aller s'expliquer à Bruxelles ». 12 h 30. Départ du site de Guerlesquin. Direction Morlaix en opération escargot. « Tous ensemble à la sous-préfecture », lancent les délégués. 14 h. Concert de klaxons dans le centre-ville de Morlaix. Trois camions de Tilly-Sabco bloquent le rond-point Charles-de-Gaulle. Impossible d'y accéder en provenance du viaduc. 14 h 30. Environ 300 personnes (salariés, éleveurs, commerçants...) sont regroupées aux abords de la sous-préfecture. 15 h 15. Une délégation est reçue par Philippe Loos, sous-préfet. Une quinzaine de gendarmes veillent depuis les jardins de la sous-préfecture. 15 h 30. La grille d'entrée cède sous les assauts d'un engin téléscopique. Les manifestants envahissent l'enceinte de la sous-préfecture. 15 h 45. Un feu de détritus, de branchages et de bûches est allumé devant l'entrée de la sous-préfecture. « Il y en a marre, car personne ne bouge », soupire Alain, depuis 30 ans chez Tilly. 16 h. Arrivée de Paul Uguen, maire de Guerlesquin, qui se fait quelque peu huer. « Tu étais où jusqu'à présent », lui demande haut et fort un salarié. Le matin, l'élu avait officiellement annoncé le lancement d'un comité de soutien à Tilly-Sabco... depuis la mairie. 16 h 30. Sortie de la délégation. Pierre Lechvien, qui préside la Coordination rurale 22, s'adresse aux manifestants : « Le sous-préfet va transmettre nos doléances au ministère de l'Agriculture. Vendredi, il y a Le Foll qui vient en Bretagne. Je vous demande de vous mobiliser. Il faut qu'il vienne avec des réponses et avec du pognon ». 17 h 30. Deux escadrons de CRS se positionnent sur place. 18 h. Arrivée du ravitaillement. Au menu : pains, charcuterie, eau, bières... 18 h 25. La municipalité de Morlaix décide de fermer la mairie une heure plus tôt. 20 h. Le préfet du Finistère demande aux manifestants de quitter les lieux. 21 h 30. Daniel Sauvaget vient d'obtenir un rendez-vous, d'ici vendredi, à Bruxelles. Le P-DG demande donc à ses troupes de se plier à la demande du sous-préfet. 22 h. Les manifestants commencent à lever le camp.

  • Jacques Chanteau et Sophie Prévost

Un éleveur : « Catastrophique »

Éleveur à Plouigneau, Yvon Queynec fournit la quasi-totalité de sa production à la société Tilly-Sabco. Pour lui, ce serait « catastrophique » si l'abattoir fermait.

Âgé de 48 ans, Yvon Queynec se pose des questions sur son avenir, lui qui fournit 90 % de sa production de poulets à l'abattoir de Guerlesquin. Ils sont ainsi plusieurs centaines d'éleveurs, dont 150 à 200 réguliers, à approvisionner l'usine fondée en 1956 par Jacques Tilly. Yvon Queynec a repris l'exploitation familiale en 1993, l'année où son père est parti à la retraite. C'est lui qui avait lancé l'affaire dans les années 60. « C'était au début de la volaille », raconte le fils. Avant de s'occuper de la croissance des poussins, Yvon Queynec était géomètre dans le secteur des travaux publics. « Mais j'ai préféré reprendre l'affaire familiale, car c'était une opportunité d'avoir une meilleure qualité de vie. Je pouvais rester travailler à la maison. Dans les travaux publics, on est souvent en déplacement ».

93.000 poussins

Dans les 3.200 m² des bâtiments de Goas ar C'halz, à Plouigneau, 93.000 poussins vont passer quarante jours. « C'est un métier technique, visuel, car il faut être vigilant sur l'état de santé des poussins. Je travaille sept jours sur sept et je prends une semaine de vacances par an. Si on fait notre métier avec conscience, on gagne notre vie mais on ne roule pas sur l'or », indique l'éleveur qui travaille seul au sein de son élevage.

« Une reconversion mais dans quoi ? »

« Si Tilly-Sabco ferme, ce sera catastrophique pour moi et tous les éleveurs. Qu'est ce qu'on va pouvoir faire ? Une reconversion mais dans quoi ? S'il y avait du boulot en Bretagne, cela se saurait », s'inquiète l'Ignacien, marié et père de deux filles, âgées de 14 et 18 ans. Ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll a annoncé sa venue, vendredi, en Bretagne. « Mais je n'attends pas grand-chose de sa visite, déplore l'éleveur. Il ne nous a pas trop aidés jusque-là. Alors, pourquoi aujourd'hui. Il n'a rien fait quand l'Europe a décidé de supprimer les restitutions pour le 1er janvier 2014, alors que ce n'était prévu que le 1er janvier 2015. Notre but est à présent de tout faire pour maintenir notre outil de travail ». .

  • J.C

Angelika : « Pas envie de perdre ma famille »

Âgée de 27 ans, Angelika Maillet travaille depuis trois ans à la production de saucisses et au conditionnement. Après des mois d'intérim, la jeune femme, originaire de Loguivy-Plougras (22), a été embauchée chez Tilly-Sabco en CDI en mai dernier. « J'aime bien mon travail. Cette entreprise, c'est comme une famille. Je n'ai évidemment pas envie de la perdre ».

Hervé : « Pas pour le plaisir de casser »

À 54 ans, le Guerlesquinais Hervé Le Brun affiche « 39 ans de boîte ». Entré en 1975 chez Tilly, il y a fait toute sa carrière comme cariste. « On ne fait pas tout ça pour le plaisir de casser, vous savez, témoignait-il, à la sous-préfecture, hier après-midi. Aujourd'hui, je suis autant inquiet pour mes quatre petits-enfants que pour moi-même. Qu'est-ce qu'ils vont pouvoir faire, eux, après ? ».

La famille aux « vingt Tilly-Sabco »

Danielle (à gauche), 53 ans, et Joëlle (à droite), 49 ans, sont belles-soeurs et travaillent à l'usine depuis des décennies. Toutes les deux sont nées et habitent à Guerlesquin. La première est entrée chez Tilly à l'âge de 15 ans. Ses beaux-parents y travaillaient. Son mari y a également été salarié. Son fils, rentré dans l'entreprise, a connu un licenciement en 2006, une fin de CDD en 2009 et a été repris en CDI, il y a trois ans et demi. « Dans notre famille, entre les oncles, les tantes, les beaux-frères, belles-soeurs, près de 20 personnes travaillent et vivent grâce à Tilly ! », témoignent les deux femmes, qui avouent « craindre fortement l'avenir ».

 


La tension est montée d'un cran, hier, chez Tilly-Sabco, l'entreprise guerlesquinaise spécialisée dans la production de poulets export. Trois cents manifestants (salariés, éleveurs...) ont débarqué à Morlaix où ils ont forcé les grilles de la sous-préfecture. Alors qu'ils comptaient y passé la nuit, Daniel Sauvaget, P-DG de l'entreprise, a annoncé, à 21 h 30, qu'il avait obtenu un rendez-vous à Bruxelles. Le siège de la sous-préfecture pouvait alors être levé.

 

 


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La grève qui nous sèvre!
par Floréal

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...à propos des bénéfices secondaires de la grève à Radio-France

Dans Télérama, des lecteurs branchés s’affrontent à fleurets mouchetés (comme il sied dans l’hebdo culturel de l’élite) à propos de la grève dure à Radio-France: si les uns déplorent à mots couverts que la grève les prive inhumainement de leur lot quotidien de boboïsme branché, d’autres, un peu plus à gauche, appuient mollement la grève : ne vise-t-elle pas à défendre ce cher « service public » sans lequel, de leur propre aveu, certains « Téléramistes » ne supporteraient plus le dur fardeau d’exister ?

Quant à nous, bourricots de bolcheviks obtus que nous sommes, nous soutenons sans réserves cette grève. Et cela pour de tout autres raisons que l’élite téléramiste :

  • la première raison est que la grève à Radio-France est un des trop rares exemples d’action DE CLASSE déterminée contre les effets antisociaux de l’austérité hollando-maastrichtienne (même si hélas, trop de journalistes appuient la manœuvre de diversion lancée par Fleur Pellerin pour faire de M. Gallet le bouc émissaire des décisions gouvernementales). Cette grève illimitée montre que des travailleurs peuvent encore se battre pour GAGNER et pas pour « témoigner de leurs aspirations » à l’occasion de « journées d’action » sans lendemain qui laissent d’avance le dernier mot au MEDEF et Valls-MEDEF.
  • La seconde raison est que cela fait un bien énorme au moral que de savoir que chaque jour que le Bon Dieu fait, des millions de braves gens qui se croient « de gôôôche », ne recevront pas leur injection matutinale de social-libéralisme, d’anticommunisme secondaire et d’’euro-atlantisme « humanitaire » administrée par MM. « Pat Co » et B. Guetta, ; grâce à ces irresponsables de grévistes, les intoxiqués de Patricia Clark et de ses « kids » seront frustrés de leur dose quotidienne de frenglish (dans l’émission « Come on ! » rebaptisée « Alive »). En vérité, ce SEVRAGE idéologique de masse est presque aussi salutaire que celui qu’a subi naguère notre pays tout entier quand la grève ouvrière de mai 68 eut « coupé le jus » (et le micro !) aux anticommunistes professionnels de feue l’ORTF !

Pourtant notre bonheur reste incomplet : car pendant que les euro-prédicateurs de Radio-bobo sont réduits au silence, les Radio-beaux-beaufs du privé continuent d’occuper le « temps de cerveau disponible » : entre deux pubs assourdissantes, RTL, Europe 1, RMC, ont tout loisir pour marteler leurs propos antisyndicaux, pour poursuivre leur ramdam anti-fonctionnaires et pour organiser leur promo même plus larvée du FN et de Sarkozy (cherchez la différence !). Se déverse ainsi à plein jet sur le tamtam permanent du MEDEF et de la droite contre les acquis sociaux, les « assistés » (sic) et le code-du-travail-d’où-nous-vient-tout-le-mal ;  sans oublier bien sûr  l’éloge permanent des « States », la célébration émue de la « Belle-Europe-que-v’là », la diabolisation incessante des « ennemis-de-l’Occident » (Russes, Cubains, Coréens, cocos, « islamistes », grévistes de tous poils, etc.), l’éternelle question posée à tout bout de champ par le « journaliste » de service : « mais-que-font-nos-voisins-anglo-saxons-à-ce-sujet ? », l’allégeance obsédante à Frau Merkel, le tout sur fond de bain linguistique anglo-américain…

 

Alors s’il vous plait, travailleurs des radios privés, mettez-vous vite en grève aussi : pas seulement pour soutenir vos vaillants camarades du public (ça s’appelle la solidarité de classe), mais pour faire pleuvoir sur toute la France un bienfaisant mutisme réparateur.  Vite, vite, croisez-vous les bras aussi et rendez ainsi aux citoyens le plaisir de penser par eux-mêmes. Ils auront peut-être alors – qui sait ? – l’idée de revendiquer un audiovisuel public démocratisé et véridique qui soit enfin soustrait au duopole des oligarques du privé et d’une propagande d’Etat aussi doucereuse qu’omniprésente !

Floréal, le 1er/04/2015

Pétition

Halte à la fascisation en Ukraine

Halte à la marche à la 3ème guerre mondiale

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Initiative Communiste n°155 (Avril 2015)

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Les cons ça ose tout !
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Frédéric LORDON/France-Culturel/ 26-11-2013
Jacques SAPIR-10/12/2013 (blog)
La Guerre Sacrée

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ALR-libertaireSamedi 31 décembre 2011 de 11 h 30 à 13 h 30

Annie Lacroix-Riz , historienne, participera

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consacrée au dossier Renault

sur Radio Libertaire

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