Le M’PEP se retire du collectif « Stop TAFTA » dont les objectifs non-avoués sont désormais de légitimer l’Union européenne et de protéger le Parti socialiste.
Par le Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP).
Le 2 février 2015.
TAFTA, PTCI, CETA, TISA ?
Ces sigles désignent des accords de libre-échange et d’investissement négociés dans le plus grand secret. S’ils sont adoptés, ils consacreront la domination des multinationales sur nos sociétés au détriment des citoyens et de la démocratie. Sous couvert d’une hypothétique relance de la croissance, ces accords s’attaquent aux normes sociales, financières, sanitaires, culturelles et environnementales. Si elles s’estiment lésées, les multinationales pourront poursuivre les États devant des tribunaux privés d’arbitrage, hors de tout contrôle démocratique.
Ces projets d’accords visent à limiter encore davantage la souveraineté nationale des pays de l’Union européenne, notamment en organisant une gestion de type colonialiste de leur économie - colonialisme désigné sobrement sous l’expression positive de « accord de partenariat ».
Pour accéder à l’étude réalisée par le M’PEP sur le PTCI, cliquez ci-dessous :
http://www.m-pep.org/spip.php?article3357
Le collectif « Stop TAFTA »...
Jusqu’à ce jour, le M’PEP était membre du collectif « Stop TAFTA » qui regroupe 79 organisations au niveau national. La plupart de ces organisations sont issues de la gauche. La principale revendication du collectif est inscrite dans son texte de lancement : contraindre le gouvernement français et l’Union européenne à stopper les négociations en cours en vue de l’établissement des traités de libre-échange transatlantique.
...et sa pétition « citoyenne »
Depuis septembre 2014, le collectif a lancé une « pétition citoyenne » en s’appuyant sur l’ICE (« Initiative citoyenne européenne »), disposition apparue dans le traité de Lisbonne. Selon l’ICE, une pétition signée par 1 million de citoyens, venant d’1/4 des pays membres, peut être déposée à la Commission européenne. Libre à elle ensuite de la prendre en compte, sachant que les traités lui interdisent d’aller à l’encontre du libre-échange.
Le 4 décembre, le collectif « Stop TAFTA » annonce que la pétition a recueilli 1 million de signatures. Mais la Commission avait indiqué dès le 11 septembre qu’elle ne reconnaissait pas cette « Initiative citoyenne européenne ». Sur son site, le collectif indique qu’il continuera à recueillir des signatures « jusqu’à ce que M. Juncker mette un terme aux négociations du TAFTA et bloque la ratification du CETA ».
Un échec programmé...
Les auteurs de la pétition pouvaient-ils sincèrement attendre autre-chose qu’une fin de non-recevoir de la part de la Commission ?
- Ils savaient que l’ICE ne contraint aucunement la Commission. Pire encore : le traité de Lisbonne annonce très clairement qu’une pétition citoyenne dans le cadre de l’ICE ne doit viser qu’à la mise en œuvre des traités libéraux (« (…) aux fins des traités »).
- Ils savaient que l’ICE avait été vantée par les partisans du OUI au traité constitutionnel européen (TCE) en 2005.
- Ils savaient depuis 2007 que l’opinion des peuples ne peut infléchir ni la Commission ni les gouvernements européistes.
- Ils savaient que d’autres « pétitions citoyennes » avaient déjà été jetées à la poubelle par la Commission : la pétition contre la recherche sur les embryons humains - qui avait pourtant mobilisé près de 2 millions de citoyens. La pétition pour un « droit à l’eau » - paraphée par 2 millions de citoyens – que la Commission a vidé de sa substance. Et la pétition lancée par le Parti de la gauche européenne (PGE) lui-même pour une « banque publique européenne axée sur le développement social, écologique et solidaire ».
Bref, ils savaient que cette pétition n’avait aucune chance d’aboutir. Mais ils ont laissé croire le contraire, sciemment, pour deux raisons : maintenir l’illusion d’une l’Union européenne démocratique et protéger le Parti socialiste.
... qui visait à maintenir l’illusion d’une Union européenne démocratique...
Les promoteurs les plus actifs de cette pétition au sein du collectif « Stop TAFTA » sont Attac, les Verts et le PGE (Parti de la gauche européenne). Ces organisations sont farouchement européistes - c’est-à-dire contre la souveraineté des nations :
- Le PGE regroupe en son sein de multiples composantes de la gauche européenne dont le PG et le PCF). A ce titre, il touche – ainsi que les partis qu’il regroupe - des subventions de la part de l’Union européenne.
- Les Verts ont affirmé par la voix de leur secrétaire nationale Emmanuelle Cosse leur volonté de mettre fin à l’État-Nation au profit d’une « Europe des régions ».
- Attac, organisation « altermondialiste », ne milite pas contre le libre-échange – principale caractéristique de la mondialisation néo-libérale - mais pour son « aménagement » (notamment par la mise en place d’une très improbable taxe sur les capitaux à l’échelle mondiale).
La démarche de ces organisations vise donc à laisser croire que l’Union européenne est une institution démocratique et qu’elle comporte dans ses statuts des dispositions permettant aux peuples d’en passer par la voie légale pour infléchir sa politique. D’ailleurs, dès le rejet de la pétition par la Commission, le collectif « Stop TAFTA » s’est tourné vers la Cour de justice européenne, lui accordant ainsi son crédit.
Un constat s’impose donc : plus l’Union européenne affiche son mépris pour la démocratie, plus les organisations de gauche tentent de repeindre son vernis démocratique craquelé.
… et à protéger le Parti socialiste !
D’autre part, il n’aura échappé à aucun observateur de la vie politique française qu’une énième recomposition de la gauche est en cours dans la perspective des élections de 2017. L’éclatement du Front de gauche lors des dernières élections municipales et les alliances qui se sont nouées à cette occasion – entre le PCF et le PS d’une part et entre le PG et EELV d’autre-part – en ont été les signes les plus visibles.
La pétition du collectif – qui s’adresse directement à la Commission européenne – vise à dédouaner le gouvernement PS de ses responsabilités en tant que négociateur. Avec elle, le collectif « Stop TAFTA » ne revendique en effet plus que le gouvernement français renonce à participer aux négociations en cours sur le TAFTA !
Depuis les élections européennes, un triple combat s’annonce
Pour le M’PEP, il n’y a plus le moindre crédit à apporter à l’Union européenne, depuis longtemps. C’est ce qu’il a affirmé encore fortement à l’occasion des dernières élections européennes en appelant au boycott citoyen, alors que l’intégralité des forces politiques traditionnelles se prêtait à la mascarade - même celles qui se prétendent « eurosceptiques » (à gauche) ou « europhobes » (à droite ou le FN) !
Il s’annonce donc un triple combat :
- Combat contre l’Union européenne elle-même. Le danger du TAFTA ne se poserait pas pour la France si elle n’était pas dans l’Union européenne. Il ne se poserait ainsi plus de manière chronique tous les dix ans (un AMI de perdu, un TAFTA de gagné !). Car comment combattre un tel traité de « libre-échange » sans combattre l’incarnation même du libre-échange en Europe qu’est l’Union européenne ? Stop TAFTA, c’est donc d’abord Stop UE !
- Combat idéologique contre les organisations qui laissent croire que l’Union européenne est démocratique et/ou qui laissent croire qu’il est possible de démocratiser l’Union européenne, en particulier les organisations de gauche, politiques, associatives et syndicales.
- Combat contre le Front national dont le rôle depuis trente ans est de verrouiller la vie politique française sur les questions européennes et nationales. Un Front national qui permet aujourd’hui aux organisations de gauche européistes d’accuser de sympathie fascistes tous-ceux qui veulent que la France et son peuple retrouvent leur souveraineté.
Le M’PEP se retire du collectif « Stop TAFTA »... pour pouvoir combattre le TAFTA !
Le M’PEP ne se prêtera pas à la mascarade orchestrée par le collectif « Stop TAFTA ». Il se retire de ce collectif et invite toutes-celles et tous-ceux qui veulent lutter réellement et efficacement contre le TAFTA à agir avec lui :
- pour exiger du gouvernement français qu’il se retire des négociations ;
- pour que la France sorte de l’Union européenne, car lutter contre le TAFTA passe nécessairement par un tel combat.
source: http://www.m-pep.org/spip.php?article3908